PCB - alerte pollution aquatique

Publié le par CAP 21 santé

Alerte pollution aquatique par les polychlorobiphenyles (PCBs) : une nouvelle contamination significative des poissons du Rhône par les polychlorobiphényles (PCBs) a été constatée cet été. Les eaux du Rhône ne sont pas les seules polluées par des PCBs. L’interdiction à la consommation de poissons pêchés suffit-elle en terme de santé publique ? En effet, ces eaux  peuvent alimenter des zones de captage d'eau potable, et il est logique de penser qu’elles contribuent à irriguer de nombreuses zones de cultures en bordure.

Que sont les PCBs ou polychlorobiphenyles  : ce sont des composés organochlorés de synthèse de haut poids moléculaire ; plus simplement ce sont des dérivés chlorés qui comportent un nombre élevé d’atomes de chlore. Utilisés industriellement depuis les années 30, ils ont fait l’objet de multiples utilisations comme additifs dans les peintures, notamment les laques, les encres et les apprêts destinés aux revêtements muraux, puis ont été progressivement interdits entre 65 et 75, dénoncés comme perturbateurs des écosystèmes,  d’où leur interdiction dans des systèmes "ouverts"  comme les peintures et  plastiques. Présents dans de nombreux mélanges commerciaux sous le nom de  pyralènes. Ils doivent leur succès à leur faible coût, et à leur haute stabilité vis-à-vis des agents chimiques, à leur résistance particulière aux températures élevées et leur pouvoir diélectrique important.  Depuis une quinzaine d'années, les PCBs ne sont théoriquement présents que dans des systèmes fermés tels les transformateurs électriques, condensateurs et disjoncteurs  et leur récupération doit être organisée.

Les PCBs sont  persistants et,  comme les dioxines, s'accumulent dans la  partie graisse des organismes vivants et se concentrent le long des chaînes alimentaires. Leur élimination est très lente, plusieurs mois chez les poissons. Les spécialistes estiment qu'environ 400 millions de tonnes se trouvent dispersées dans l'environnement dont environ la moitié dans le milieu aquatique, qui joue un rôle traditionnel de collecteur de déchets. Les concentrations augmentent dans les prélèvements de sédiments plus côtiers et atteignent quelques nanogrammes par gramme à proximité des embouchures des rivières ou de zones de dépôt de dragages

Les risques toxicologiques ? les premiers troubles constatés concernent les systèmes enzymatiques de biotransformation hépatiques  avec dérèglement du métabolisme endogène en particulier celui des stéroïdes, d'où les problèmes de reproduction  observés chez certaines espèces, et activation métabolique de certains composés cancérigènes. Les PCBs ne seraient donc pas cancérigènes par eux-mêmes, mais pourraient jouer un rôle de promoteurs de cancers initiés par d'autres composés dits génotoxiques.
Chez les animaux de laboratoire on observe divers phénomènes comme une hypertrophie hépatique, des effets cancérogènes,  et  l’altération des fonctions reproductrices. Les mécanismes de toxicité sont semblables à ceux des composés apparentés aux dioxines.
Les PCB sont également immunodépresseurs et, à ce titre, sont classifiés parmi les agents probablement cancérogènes pour l'homme. Le Centre International de Recherche sur le Cancer  situe le rôle cancérigène des PCBs devant la dioxine.

 

Les risques pour notre santé ? En 2005, lors d’une nouvelle contamination du Rhône, il était  rappelé que seule la consommation très régulière et sur une période prolongée de poissons contaminés pouvait entraîner un danger pour la santé humaine. Les PCBs retrouvés dans les poissons du Rhône sont considérés pour leurs risques à long terme.

Aucun risque de contamination n’existerait par simple contact avec l’eau ni avec son ingestion. En effet, ce sont des composés lipophiles mais hydrophobes, et de ce fait solubles dans les graisses mais très peu solubles dans l’eau. En raison de leurs propriétés physico-chimiques, ils entrent dans la chaîne alimentaire par le biais des poissons et du phytoplancton.

Cependant, étant solubles dans les graisses, les PCB ont été mis en cause en 1968 au Japon et en 79 à Taiwan du fait de la consommation d'huiles de riz contaminées accidentellement ; les victimes présentaient une pigmentation des ongles et des membranes muqueuses ainsi qu'un gonflement des paupières, accompagnés de fatigue, de nausées, et de vomissements. Les enfants nés jusqu'à 7 ans après la contamination accidentelle des huiles de Taïwan ont présenté des retards de croissance et des problèmes de comportement. Aux USA, les enfants nés de  mères qui mangeaient une grande quantité de poissons contaminés du Lac Michigan étaient atteints de troubles de la mémoire à court terme.

Comme dans la plupart des risques chimiques, on connaît mal les seuils pathologiques de toxicité pour l’homme. De ce fait,  les risques de cancérogenèse, immunotoxicité, et troubles métaboliques sont  difficile à quantifier. Il s’agit de risques à long terme donc difficilement visibles, par rapport à un risque à court à effets spectaculaires comme une mortalité rapide élevée ou des pathologies aiguës immédiates.

Les risques économiques et sociaux peuvent toujours faire pencher la balance vers une "estimation basse" des risques et donc une minimisation des mesures à prendre concernant les consommateurs de produits susceptibles d’être affectés.

Les intérêts des différentes institutions concernées peuvent être contradictoires ; elles sont nombreuses, DDASS, DRIR, CSP, laboratoires de recherche, DDAF, Service Régional d'Aménagement des Eaux, Agence de Bassin, Agriculture, Economie etc…et tout processus de décisions consensuel en est ralenti.

Le modèle animal n’étant pas toujours le meilleur pour évaluer les risques de toxicité humaine, il nous faudrait une étude épidémiologique auprès des populations de  pêcheurs amateurs souvent grosses consommatrices de poissons d'eau douce pour obtenir des données de santé publique plus fiables que celles obtenues à partir d’études sur animaux.

En savoir plus : www.ifremer.fr

Publié dans sécurité sanitaire

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