L'agriculture biologique dans l'union européenne

Publié le par CAP 21 santé

Agriculture biologique: Corinne Lepage écrit à Christine Lagarde

Madame la Ministre,

Le 11 juin, vous siégerez à un Conseil des Ministres de l’Agriculture particulièrement important puisqu’il décidera du sort de l’agriculture biologique en Europe.

Comme vous le savez, le Parlement européen s’est très récemment prononcé contre la présence d’OGM dans l’agriculture biologique.

Mais, dans ce domaine le Parlement européen n’a pas de pouvoir de décision et la décision revient au Conseil des Ministres de l’Agriculture.

Il va de soi que dans l’hypothèse où le Conseil des Ministres déciderait d’imposer un seuil de 0,9 % d’OGM dans l’agriculture biologique, assimilant ainsi l’agriculture biologique à l’agriculture conventionnelle, il prendrait un risque tout à fait considérable et parfaitement injustifié.

Tout à fait considérable dans la mesure où cela aboutirait en réalité à rendre impossible le maintien d’une agriculture non OGM en Europe et mettrait en péril la biodiversité.

Inutile car l’agriculture OGM, à supposer que l’intention des Ministres de l’Agriculture soit de la développer alors même que 86 % des Français y sont opposés, ne justifie en rien qu’il soit ainsi porté atteinte à l’agriculture biologique.

Celle-ci avait obtenu, s’agissant des pesticides, que les règles de l’agriculture biologique ne soient évidemment pas celles de l’agriculture conventionnelle.

Aligner l’agriculture biologique sur l’agriculture conventionnelle en matière d’OGM reviendrait, d’une part, à terme et compte tenu de ce que les OGM sont dans 99 % des cas tolérants aux herbicides et pesticides, à introduire la possibilité de traces de pesticides dans l’agriculture biologique.

Cela reviendrait également à terme à détruire la confiance légitime que les consommateurs ont mis dans l’agriculture biologique qui est une agriculture en pleine expansion y compris en France.

Je me permets d’attirer l’attention de la juriste que vous êtes sur la responsabilité dans un choix de cette nature qui conduirait à exclure le choix du consommateur d’une part, et surtout, à condamner tous les consommateurs à devoir consommer des OGM alors même que vous ne pouvez pas ignorer que les premières études menées sur des rats ayant consommé des OGM laissent peser des doutes très sérieux sur leur innocuité.

Pour toutes ces raisons j’ai l’honneur, Madame la Ministre, de vous demander de soutenir dans cette affaire la position du Parlement Européen et de prendre la position la plus favorable aux consommateurs européens et à l’agriculture biologique.

Quelles que soient par ailleurs les orientations personnelles que vous avez d’ores et déjà exprimées en faveur des organismes génétiquement modifiés, en particulier, votre soutien public au MOMA  deux questions fondamentales sont en jeu :

Ø d’une part, permettre à tout citoyen d’exercer le droit qui lui est désormais reconnu par la Constitution d’accéder à un environnement sain,

Ø et d’autre part,  de disposer d’un autre droit également reconnu par la Constitution qui est celui d’une liberté de choix qui serait supprimée dans l’hypothèse où il n’y aurait plus la possibilité d’accéder à une nourriture sans organismes génétiquement modifiés.

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma respectueuse considération.

Corinne Lepage

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